Ce matin mon fils et ma fille m'ont enfin déposée chez moi. Ils me tenaient chacun un bras, ça me faisait hausser les épaules jusqu'aux oreilles. Ça va, je disais toutes les deux secondes, vous pouvez me lâcher maintenant, mais ils se cramponnaient comme s'ils craignaient, eux, de chuter.
Rossinante a été la première à m'accueillir. La pauvre, elle m'a semblée un peu moins joufflue et j'ai aussitôt soupçonné la voisine d'avoir économisé les croquettes pour se payer des sous-vêtements affriolants. Mais non, Maman, Barnabé a dit, tu te fais des idées, regarde son ventre, il traîne par terre...
Reste poli avec mes chats, j'ai répondu. Puis Coco a ondulé entre mes jambes et je me suis baissée pour le caresser. Loulou nous observait à quelques mètres, prudent, crachait si un autre s'approchait de lui. Dans l'appartement tout semblait en ordre. Mais en entrant dans le salon, j'ai remarqué un paquet cadeau au milieu de la table. Il reposait sur un horrible napperon rose, accompagné d'un mot : Bon retour à ma voisine. Signé : Gigi. Un chat avait mordillé le ruban qui frisait au centre.
J'ai proposé à Céleste de l'ouvrir à ma place. Je me sentais fatiguée d'un coup. Je me suis affaissée sur le canapé. Aussitôt Moustache a sauté sur mes genoux et Renart, allongé sur le dossier, s'est mis à mordiller mes cheveux. Céleste a procédé à la manière des vieux, passant un couteau sous les morceaux de Scotch. Avant de regarder le contenu, elle a plié le papier très soigneusement et l'a lissé des deux mains. Barnabé a gloussé et je me suis méfiée. J'ai tendu les bras et ma fille a apporté l'objet, un tableau, apparemment. J'ai d'abord vu des fleurs partout dans des tons violet et rose. Une fois dépassé le premier choc visuel, j'ai distingué une femme, minuscule allongée sur un pétale de rose. Elle était nue et souriait d'une façon suggestive. C'était ma voisine.
Je crois que je ne me sens pas bien, j'ai dit en laissant tomber le cadre à mes pieds.
Oh Maman, qu'est-ce qui se passe ? Barnabé a demandé.
J'appelle le docteur ! Céleste a dit.
Mais non, c'est juste que je ne pourrais jamais afficher ce machin chez moi... Enfin, vous imaginez ?
Moi je le trouve pas si laid, Barnabé a répondu. Ah ah ! Bien sûr, ça ne nous étonne pas de toi, hein Maman ? Céleste a grogné.
Laissez-moi, j'ai demandé d'un coup.
Quoi ? a dit Céleste.
Ben partez... J'ai envie de rester seule avec mes chats maintenant.
Ma fille a frotté son perçage de langue sur ses dents. J'ai horreur quand elle fait ça. Mais elle semblait choquée alors je lui ai laissé le temps d'accuser le coup. Barnabé s'était levé quand elle a hoché la tête : Bon, j'ai mis de nouvelles savonnettes dans la salle de bain, hier. Tes habits sont rangés aussi. Il y a tout ce qu'il faut dans ton frigo. Je suppose que ça ira...
Céleste, j'ai dit, c'était juste une crise d'appendicite ! Ça arrive à tout le monde.
Enfin, à ton âge, elle a râlé comme si c'était de ma faute.
Dès que la porte s'est refermée sur eux. J'ai réfléchi à ce que j'allais dire à Dédé ce soir. Il allait être sacrément surpris de me revoir, le vieux !
Rossinante a été la première à m'accueillir. La pauvre, elle m'a semblée un peu moins joufflue et j'ai aussitôt soupçonné la voisine d'avoir économisé les croquettes pour se payer des sous-vêtements affriolants. Mais non, Maman, Barnabé a dit, tu te fais des idées, regarde son ventre, il traîne par terre...
Reste poli avec mes chats, j'ai répondu. Puis Coco a ondulé entre mes jambes et je me suis baissée pour le caresser. Loulou nous observait à quelques mètres, prudent, crachait si un autre s'approchait de lui. Dans l'appartement tout semblait en ordre. Mais en entrant dans le salon, j'ai remarqué un paquet cadeau au milieu de la table. Il reposait sur un horrible napperon rose, accompagné d'un mot : Bon retour à ma voisine. Signé : Gigi. Un chat avait mordillé le ruban qui frisait au centre.
J'ai proposé à Céleste de l'ouvrir à ma place. Je me sentais fatiguée d'un coup. Je me suis affaissée sur le canapé. Aussitôt Moustache a sauté sur mes genoux et Renart, allongé sur le dossier, s'est mis à mordiller mes cheveux. Céleste a procédé à la manière des vieux, passant un couteau sous les morceaux de Scotch. Avant de regarder le contenu, elle a plié le papier très soigneusement et l'a lissé des deux mains. Barnabé a gloussé et je me suis méfiée. J'ai tendu les bras et ma fille a apporté l'objet, un tableau, apparemment. J'ai d'abord vu des fleurs partout dans des tons violet et rose. Une fois dépassé le premier choc visuel, j'ai distingué une femme, minuscule allongée sur un pétale de rose. Elle était nue et souriait d'une façon suggestive. C'était ma voisine.
Je crois que je ne me sens pas bien, j'ai dit en laissant tomber le cadre à mes pieds.
Oh Maman, qu'est-ce qui se passe ? Barnabé a demandé.
J'appelle le docteur ! Céleste a dit.
Mais non, c'est juste que je ne pourrais jamais afficher ce machin chez moi... Enfin, vous imaginez ?
Moi je le trouve pas si laid, Barnabé a répondu. Ah ah ! Bien sûr, ça ne nous étonne pas de toi, hein Maman ? Céleste a grogné.
Laissez-moi, j'ai demandé d'un coup.
Quoi ? a dit Céleste.
Ben partez... J'ai envie de rester seule avec mes chats maintenant.
Ma fille a frotté son perçage de langue sur ses dents. J'ai horreur quand elle fait ça. Mais elle semblait choquée alors je lui ai laissé le temps d'accuser le coup. Barnabé s'était levé quand elle a hoché la tête : Bon, j'ai mis de nouvelles savonnettes dans la salle de bain, hier. Tes habits sont rangés aussi. Il y a tout ce qu'il faut dans ton frigo. Je suppose que ça ira...
Céleste, j'ai dit, c'était juste une crise d'appendicite ! Ça arrive à tout le monde.
Enfin, à ton âge, elle a râlé comme si c'était de ma faute.
Dès que la porte s'est refermée sur eux. J'ai réfléchi à ce que j'allais dire à Dédé ce soir. Il allait être sacrément surpris de me revoir, le vieux !