mardi 14 octobre 2008

Aimer Mémé

Mon père m'aimait pour mon visage de poupée, ma mère parce que je faisais la même pointure qu'elle - elle pouvait m'emprunter mes souliers. Mon frère aimait quand j'amenais des amies pour le goûter. Ma sœur me laissait l'embrasser quand je lui prêtais mes deux poupées préférées : un jour, je leur ai brisé les bras, elle a cessé de me câliner. Le vieux Léautaud m'aimait parce que j'étais plus aimable que sa maîtresse - ce qui n'était guère difficile - et plus jeune. Les vieux, en général, me pinçaient les joues et les fesses que j'avais rondes et percées d'une fossette, à droite, en haut comme en bas, joue et fesse - mais pour la fesse, ils ne le savaient pas. Le dimanche, je jouais de la harpe pour les amies de Maman et je courrais après les balles de tennis de Papa. A l'école j'étais populaire parce que pour quelques sous je rédigeais les compositions de français, de chimie et de mathématiques. Je remportais un franc succès aux compétitions sportives de fin d'année et l'on se disputait mon amitié. Pour mon premier amant j'ai fait des entrechats, pour le deuxième des entourloupes et pour feu mon mari des cochonneries à gogo.

Je pourrais être fatiguée mais je suis en pleine forme, au contraire. La digestion ça va et le transit également. Je supporte toujours aussi bien l'alcool. Ma rhinite chronique me sert à ignorer les odeurs d'urine de chats ce qui est très pratique dans mon cas. Je feins d'être sourde et j'y crois si bien que les attaques et les médisances de mes contemporains glissent sur moi comme sur une peau de banane. Je n'ai peur de rien, j'avance le dos courbé sans prêter le flanc à la critique. Le soir, Loulou suce mes quelques cheveux en ronronnant, Coco, se couche sur mes pieds, Pierrot vrombit sur mes cuisses, Ysengrin me réchauffe les épaules, Lisette miaule doucement et les autres, allongés tout autour me regardent en plissant les yeux. N'est-ce pas le bonheur ?

21 commentaires:

Anonyme a dit…

je suis perplexe et me demande si mémé à bien 69 ans, ou si elle est l'invention d'une personne qui sait bien écrire, j'ose espérer que mémé existe vraiment

Anonyme a dit…

Jeune Cocole, oseriez-vous donc insinuer qu'une Mémé est incapable de bien écrire ? Vous ne manquez pas d'air !

Anonyme a dit…

j'ai pas dit ça, je pense

Anonyme a dit…

Je suis à deux doigts d'adopter un troisième chat et en lisant votre blog je sens que je vais aller le chercher bientôt... :o)

Anonyme a dit…

Et oui, le bonheur c'est simple comme des tas de chats, et personne pour vous casser les pieds !

Fishturn a dit…

Oui cela y ressemble, comme un paradis artificiel.

Anonyme a dit…

Loïs de Murphy, trois chats ce n'est pas assez, jeune fille, il en faut au moins cinq de plus pour que ça commence à devenir intéressant !

Jeune Le Grillon, vous avez tout compris !

Fishturn, pas de ça chez moi, gamin ! Le bonheur ici est 100% naturel !

Anonyme a dit…

Mémé je viens de découvrir votre blog !
Quel plaisir, quel bonheur et surtout et malgré tous ces chats et odeurs parfois je dirai quelle fraicheur !
Merci Mémé et à bientot !

Didier Goux a dit…

Léautaud marié : vous avez vu jouer ça où ?

Molécules d'amertume a dit…

Dites, votre prénom ce serait pas Ernestine, par des fois ?

Anonyme a dit…

Lénia, si ça vous plaît tant mieux ! Mais refermez la porte derrière-vous quand même, mignonne, je déteste les courants d'air !

Didier Goux, passe pour les jeunes mais à votre âge vous devriez être un peu plus aimable avec les vieilles dames ! Je parlais de Mary Dormoy, bien entendu. Je sais bien qu'ils n'ont pas été mariés mais pour moi, à l'époque, c'était tout comme.

Molécules d'amertume, drôle de nom ! Pourquoi Ernestine, jeune fille, dites-moi ?

Didier Goux a dit…

Vous oubliez Anne Cayssac, dite "Le Fléau", chère Mémé : ce serait plutôt elle, l'épouse. La pauvre Marie Dormoy n'était guère plus qu'un souffre-douleur et une bonniche (du moins considérée et utilisée comme tel par l'irascible vieillard).

Anonyme a dit…

Ancêtre Goux, relisez donc votre Léutaud : Le Fléau a été délaissée pour la plus jeune Mary Dormoy qu'il a aimée passionnément. Enfin je sais ce que c'est de perdre la mémoire. Moi-même, parfois...

Anonyme a dit…

mémé je pense que vous êtes une menteuse mais vous me faites ricaner et j'adore ça

Anonyme a dit…

Pourquoi vous faire passer pour une anonyme, jeune Stéphanie ? Pour faire passer la pilule de votre impolitesse ? Mémé a assez de défauts comme ça pour ne pas lui en ajouter !

Anonyme a dit…

Vous vous trompez du tout au tout, quant aux rapports de Léautaud et Marie Dormoy...

Fishturn a dit…

Gamine toi même.

Mémé a dit…

Al Zeimer,

Je ne raconte ce que j'ai vu de mes propres yeux, le reste je n'en sais rien !

Fishturn,

Hélas ! On ne peut pas être et avoir été. Sinon cela se saurait.

Mr SuperOlive a dit…

Moi ça me ficherait un peu les jetons tous ces chats dans les pattes! Mais apparemment ils vous tiennent chaud et vous rendent heureuse, alors tout est pour le mieux!
à plus super mémé!

Molécules d'amertume a dit…

Non, c'est juste que je me dis que si Ernestine Chasseboeuf avait su que les blogs existaient, elle vous aurait certainement fait concurrence ! :))

Bien le bonsoir Mémé, en espérant que vous ne vous êtes pas pété le dentier lors de votre soirée déjantée avec Dédé.

Alma

noèse cogite a dit…

J'ai été touché par votre façon de dire qu'on est toujours l'objet d'amour de quelqu'un..
Fils d'Ariane de notre vie.