dimanche 19 octobre 2008

Mémé est une pépée

Nous avons frôlé l'incident diplomatique aujourd'hui. Mon fils Barnabé a débarqué quasiment sans prévenir. Beau à tomber dans un costume trois pièces comme en portait feu son père, il a passé son temps à se frotter le nez pour éviter de le pincer. Il a des égards pour sa vieille mère, je me disais, comme c'est touchant...

Moi, désireuse de voir comment il allait se tirer d'affaire, je le caressais sans cesse, serrant son visage dans mon giron à l'étouffer, et je lui disais Que tu sens bon ! Tu te parfumes donc ? Il me semblait ouïr la voix, dans sa tête qui murmurait Et toi Maman ? Ça ne te dirait pas de t'asperger d'eau de Cologne comme toute vieille dame respectable ? Mais les seuls mots qu'il parvenait à articuler c'est Pourquoi tu ricanes Maman, j'ai dit quelque chose de drôle ?

Il est adorable, n'est-ce pas ?

A peine arrivé il a voulu sortir, histoire, j'imagine, de pouvoir respirer l'air pollué de la ville plutôt que celui, vicié, de ma petite ménagerie. J'ai tenu bon une poignée d'heures, le gavant de petits fours secs que je gardais depuis six mois pour sa visite et de thé vert au goût de Mr Propre. Régulièrement un chat tentait de sauter sur ses genoux et il le repoussait en me jetant des coups d'oeil angoissées. Je lui renvoyais de grands sourires et je m'exclamais peinée Tu ne veux donc pas de câlin de Coco, mais comment ça se fait, un chat si gentil ? Et je prenais l'animal sur moi.

Ce n'est pas que je sois sadique avec la chair de ma chair mais je n'avais pas envie de sortir, malgré le ciel d'un bleu étourdissant. Finalement, au moment où j'allais céder - le pauvre bichon, était de plus en plus pâle - la sonnette a retenti et nous avons sursauté de concert. Je l'ai envoyé ouvrir et j'ai bientôt entendu des cris : Non, vous n'entrerez pas, gueulait mon fils d'une voix de stentor ; Laissez-moi passer, braillait en retour Dédé, je connais très bien Mémé, c'est ma pépée !

Il a fallu que je les sépare ce qui n'a pas été aisé. Dédé tentait de mordre Barnabé et il a réussi à baver sur la manche satinée de sa chemise de luxe. Barnabé de son côté assénait de vigoureux coups de poings dans les pectoraux mollassons de Dédé. Heureusement qu'il a une bonne couche de gras, ça peut servir dans des cas comme celui là. Finalement j'ai crié, essouflée, à Barnabé : Ce n'est pas du tout ce que tu crois !
Mais Dédé ne m'a pas laissé le temps de lui expliquer, il a dit J'ai besoin d'un coup de main, j'ai une machine à laver à descendre à la cave. D'un air provocateur, il a toisé mon fils qui massait ses doigts endoloris et celui-ci l'a suivi dans les escaliers en haussant les épaules.

Cinq minutes plus tard, leurs ahanements laborieux retentissaient dans l'allée sur fond de crissement de l'engin. Mais c'est pour quoi faire cette vieille machine déglinguée ? demandait Barnabé lorsqu'ils s'arrêtaient pour reprendre leur souffle. T'occupe pas, fiston, ce sont mes affaires, grognait Dédé. Ne m'appelez pas fiston, rétorquait Barnabé, furieux.

Avant de descendre aider Dédé, mon fils m'avait lancé J'exige des explications et j'ai eu beau chercher je n'avais aucune idée de ce que j'allais pouvoir lui raconter sans heurter son sens aïgu de la décence maternelle. Mais comme Dédé est resté jusqu'après son départ, nous n'avons pas pu parler. Ce qui faisait bien mon affaire.

A vingt heures Barnabé m'a enfin embrassée sur le pas de la porte. Je n'ai pu m'empêcher de soupirer de soulagement. Dédé, dans le salon, ronflait, le visage rubicond, le ventre couvert de chats. Si tu pouvais me donner un billet en plus pour lui, j'ai demandé à Barnabé en abaissant les coins de mes yeux. Il a fouillé dans ses poches. Achète-toi des steacks au moins Maman. J'ai promis.

Ce soir,
j'ai dit au vieux en le réveillant, on fait la fête. Va mettre un costume !

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Raaaa, ça vaut la peine, Mémée, vous savez, j'ai une mémée aussi, pas une mamie, hein, une Mémée...c'était bien de vous écouter un peu...et j'espère que la fête a été grandiose...

Catherine a dit…

J'aime bien les mémés qui profitent de leurs rejetons pour aller faire la fête. Bravo, Mémé, ponctionnez lui un max de pognon à ce p'tit con !

Didier Goux a dit…

Moi aussi, j'ai une Mémé (sans "e" chez moi...) et elle est encore plus vieille que vous, n'empêche.

Anonyme a dit…

rhooo Mémé... vous étes rusée ! vous vous êtes bien amusés ?

Anonyme a dit…

Lire le blog en entier, pretty good