dimanche 9 novembre 2008

Céleste et Albert

Ma fille Céleste est venue, comme par hasard, me rendre visite le 2 novembre, accompagnée de son fiancé Albert. Je suppose qu'en choisissant de venir le lendemain de ma toilette mensuelle, elle pensait épargner l'odorat de son jules - odorat, qui à en juger par la taille de l'appendice où il s'exprime, doit être tout bonnement exceptionnel.

Malheureusement pour eux, j'avais retardé mes ablutions. Dédé, la veille, alors que nous dormions sur ses cartons, au pied du Sacré-Cœur, m'avait avoué qu'il adorait l'odeur de mes aisselles. Les compliments de Dédé font comme des feux d'artifice dans mon crâne. Il m'arrive même d'essuyer des larmes aux coins de mes yeux. Je ne voulais pas risquer de le décevoir en me lavant...

Céleste a reniflé en m'embrassant. Je lui ai dit Tiens, tu as encore planté un truc dans tes sourcils ? Elle a haussé les épaules. Albert, à distance, m'a tendu une main molle. J'ai vu que, par-dessus ma tête il lançait un regard colérique à ma fille. Ne croyez-vous pas jeune-homme, qu'en ôtant un ou deux clous de votre tarin, il ressortirait moins ? Je n'ai pas compris le sens de ses bredouillements parce que Céleste a quasiment crié Maman ! La pauvre petite semblait outrée. Elle devrait pourtant avoir l'habitude que je les taquine sur leurs perçages. Je ne m'en abstiens quasiment jamais.

Ils avaient amené des gâteaux à la crème, mes préférés et ça m'a presque mise de bonne humeur. Puis Céleste a décidé d'animer la conversation ; elle avait sans doute trouvé l'idée dans un magazine chez le dentiste : Tu sais , Maman, qu'à ton âge on peut encore rencontrer l'amour ? Ah bon, j'ai répondu, tu m'en diras tant ! Je te parle sérieusement Maman, elle a repris - ma fille n'a guère d'humour-, si tu veux je t'accompagnerai à une de ces soirées... A Paris il y en a plein. Ah bon, j'ai répondu, ce n'est peut-être pas une mauvaise idée. Tu serais peut-être mieux avec un vieux marrant qu'avec Albert.

Albert qui s'adonnait à la contemplation de ses ongles a levé la tête, stupéfait. Céleste s'est levée et froidement m'a annoncé Nous allons nous marier Maman, nous étions venus pour te l'annoncer. Par-dessus la table elle a tendu la main à son fiancé. Que ces jeunes gens sont ridicules, j'ai pensé. Bien, bien, j'ai dit, tu viens de le faire. Je cherchais quelque chose d'agréable à dire. Je suis tout de même une personne civilisée ayant reçu une bonne éducation. Mais tout ce que j'ai trouvé c'est Ça me fait plaisir, ma fille, de voir que tu es capable de faire une bêtise. Tu as toujours été tellement réfléchie.

Elle n'a même pas claqué la porte en sortant. Quand on dit que les chiens ne font pas des chats, je pense toujours à elle et moi...

10 commentaires:

Anonyme a dit…

Ah ! Dédé est un homme bien ! Il ne cache pas qu il aime les odeurs corporelles ! chose très naturelle que la société moderne ne veut pas ! Pourtant nous sommes des animaux avec nos odeurs.

Sinon vous aussi vous etes une romantique comme votre fille ?

Catherine a dit…

Les mères doivent supporter leur fille, les filles leur mère... Pas facile. Mais pourquoi vous la tannez comme ça aussi. Faut lui laisser faire ses bêtises, elle apprendra toute seule. Vous avez dû en faire aussi !

Anonyme a dit…

Miss Lénia, non Dédé n'est pas un homme bien. C'est un clochard qui m'oblige à le rejoindre dehors alors qu'il pourrait partager mon appartement.

Vous m'aideriez bien en m'expliquant en quoi ma fille est romantique ?

Catherine, vous n'avez rien compris, jeunesse ! Je suis enchantée que ma fille commette enfin une bêtise, elle a toujours été si raisonnable ! J'étais sincère en le lui disant, je le suis toujours.

Quoi ? Il aurait fallu que je me taise ?

Catherine a dit…

Ben oui, ce n'était pas la peine de lui dire. Elle le verra bien toute seule. Rien de plus énervant que de penser un jour "ma mère me l'avait bien dit" grrrr....

Anonyme a dit…

ah ah j'adore!!
ce sacré ton piquant est exquis! c'est pour quand le film? tati danielle n'a qu'à bien se tenir, elle est surpassée!

Anonyme a dit…

Ahahahah je suis morte de rire !
Un billet brodé main aux petits oignons (je sais, l'image est bizarre mais vous aurez compris) !
Comme disait Catherine, les relations mères-filles ne sont jamais simples et je trouve que votre texte le démontre magistralement.

noèse cogite a dit…

J'aimerais savoir dans quel style littéraire on est:si on est dans un roman..ou dans une auto-biographie..
Si tout cela concorde avec votre vie..Vs devriez quand même en faire un roman..quelle histoire romantique..un prince charmant qui est un anarchique , rebelle même à l'amour..Persistez!!!

Anonyme a dit…

Noèse, ma petite si vous cogitiez un peu plus vous verriez bien que tout ceci est vrai... Pourquoi irais-je inventer de telles fadaises ?

noèse cogite a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
noèse cogite a dit…

Vraiment intéressant où la vie peux ns mener.
À 70 ans aurais-je encore l'émerveillement aussi vivant....